La pièce de théâtre L’hôte :  »La rue, c’est la seule fidèle au poste ! »

Article : La pièce de théâtre L’hôte :  »La rue, c’est la seule fidèle au poste ! »
Crédit: Harouna Neya
28 janvier 2023

La pièce de théâtre L’hôte :  »La rue, c’est la seule fidèle au poste ! »

L’hôte est une pièce de théâtre écrite et jouée par Issaka Zallé, un jeune comédien Burkinabè. C’est un monologue de près de 50 minutes qui vous transporte dans l’histoire de Kongoza Ali, un vétéran rescapé d’une guerre, devenu mélancolique et qui a été adopté par la rue. La pièce a été créée en Allemagne sous l’encadrement de Katarina Oberlik et repris au Burkina Faso sous la direction de Charles Tiendrebeogo.

Pendant que le public prend place, on observe une douche tamisée sur le personnage. Il est assis sur une chaise maquillée avec des journaux papiers. Le personnage porte une blouse grise, un sous corps blanc et des chaussures godasses. Il se réchauffe autour du feu qui est allumé près de lui. Dès lors, tout porte à croire que nous sommes dans la rue.  Puis, tout à coup, il se lève tout doucement, avance vers le public puis dit : « Bonjour à vous la communauté d’avoir effectué le déplacement pour cette rencontre mensuelle… ».

Le personnage de Kongoza Ali sur sa chaise maquillée avec des journaux papiers. Crédit ! Harouna Neya

Dans ce monologue interprété par Issaka Zallé, plusieurs personnages seront convoqués. D’abord, le personnage central de la pièce, du nom de Kongoza Ali, un ancien membre des forces spéciales qui a été traumatisé par les différentes guerres sur le champ de bataille. Trainant toujours ses séquelles, finalement c’est dans la rue qu’il trouve sa quiétude. « La rue, c’est la seule fidèle au poste », dit-il. « Elle ne te juge pas, elle ne te condamne pas. Tout ce que la société rejette, la rue l’accueille », ajoute-il.

Ensuite, à travers le personnage de la vieille Mirabelle, Issaka met en exergue les conflits de générations où parfois on fait le choix de se débarrasser des personnes âgées en les transférant dans les maisons de retraites. La famille de Mirabelle a jugé qu’elle était devenue trop vieille et qu’il fallait qu’elle soit transférée dans une maison de retraite. Pour éviter de subir cette décision, elle a finalement décidé de se faire adopter par la rue.

Dans le personnage du fou, Issaka a voulu révéler certains clichés observés dans la société où certains sont victimes de stéréotypes et de marginalisation du fait de leur différence, de leur choix de vie, de leur opinion etc. Il dit : « les humains, lorsque quelqu’un ne mange pas comme eux, ne boit pas comme eux, ne dort pas comme eux, alors il est fou ! ».

Avec le rôle de l’influenceuse, le comédien a voulu dépeindre ce que sont devenus aujourd’hui les réseaux sociaux. Un espace où tout le monde se réclame influenceur. Où la jeune génération est prête à aller dans l’absolu pour plaire sur les réseaux sociaux. Le monde virtuel est devenu aujourd’hui la vraie vie de certaines personnes.

Dans le personnage de l’influenceuse, pour qui le monde virtuel est devenu la vraie vie. Crédit : Harouna Neya

Dans les quinze dernières minutes de la pièce, le personnage de Kongoza Ali est appelé par un masque qui l’oblige à le porter. Enivré par la richesse et la gloire du bien matériel, le masque lui rappelle qu’il a perdu les valeurs essentielles. La partie du masque marque le retour à la source où les ancêtres sont toujours avec lui dans un combat spirituel qui est montré par le comédien qui lui rappelle les valeurs des siens. Des valeurs comme l’écologie du sacré, le totémisme, l’égalité entre homme et la femme etc.

Le personnage de Kongoza Ali mène un combat spirituel avec ses ancêtres à travers le masque. Crédit : Harouna Neya

Finalement, le personnage de Ali Kongoza fera la paix avec ses ancêtres. Le masque lui confère un pouvoir de prédilection. Avec les ancêtres à ses côtés, il aura la possibilité de prédire l’avenir des spectateurs présent.

Ce spectacle sera bientôt programmé dans les différents théâtres et espaces culturels au Burkina Faso. C’est un spectacle qu’il faudra voir pour découvrir les multiples facettes de la créativité artistique qui en découlent.

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Commentaires

Zallé Issaka
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Très belle illustration de l'histoire et de la mise en scène.
Ça me donne envie de voir ce spectacle.
Tu as un vrai talent reportage.

Harouna Neya
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Super!. Merci