En 50 Ans, 22 présidents ont été assassinés sur le continent africain
Depuis 1963, vingt-deux présidents Africains ont été assassinés dans l’exercice de leur fonction. « Le souffle de l’indépendance tâché de sang », c’est le thème que porte l’exposition de Sophie FARDET sur ces vingt-deux présidents. Après une première exposition au Benin, cette fois c’est l’Atelier international d’Arts visuels Danielle Burbeau de l’espace culturel Gambidi qui accueille cette exposition au Burkina Faso. Cette exposition a permis aux visiteurs de se remémorer tous ces présidents disparus.
William Richard Tolbert (1980) et Samuel Kanyon Doe (1990) au Liberia, Mohamed Bouiaf (1992) en Algérie, Mouammar Khadafi (2011) en Libye, Anouar El-Sadate (1981) en Egypte, Thomas Sankara (1987) au Burkina Faso… La liste est longue. Au total, ce sont dix-huit pays Africains qui sont concernés par ces assassinats. L’exposition est faite de linogravures des portraits des vingt-deux présidents Africains assassinés, batik des cartes de l’Afrique et des 18 pays concernés, broderies pour les tâches de sang et les frontières, couture pour l’assemblage.

Cette exposition impressionnante peut être vue comme un devoir de mémoire, un retour dans le passé, dans l’histoire de l’Afrique qui permettra sans doute de comprendre le présent. Ce sont des pistes que l’artiste essaye de tracer. Un rappel de mémoire, afin que nous puissions tirer les leçons de ce passé sombre. C’est une exposition qui s’inscrit dans une démarche artistique. Sophie Fardet, artiste française plasticienne vivant actuellement au Benin, se pose la question de savoir si l’art peut avoir un rôle à jouer dans la réalisation de la connaissance et la compréhension des faits historiques. Pour elle en effet, c’est par l’esthétique, la provocation d’émotions fortes et profondes que les artistes peuvent révéler la nature de la société.
La technique de linogravure a permis de dupliquer les différents portraits en trois qui montrent la disparition du personnage. L’autre chose qui attire l’attention, c’est justement le code couleur. Le bleu, blanc, rouge qui renvoie aux couleurs traditionnelles de la France. Sur la carte de l’Afrique de l’exposition, le rouge symbolise les pays où les présidents ont été assassinés. Certainement pour signifier que la France n’est pas totalement innocente dans cette histoire.

De plus, le fait le plus marquant, c’est que tous les présidents qui été assassinés ont presque tous été élus démocratiquement. C’est à se demander si la démocratie a une valeur en Afrique et si elle existe réellement tout comme l’indépendance.

Les assassinats de ces vingt-deux présidents Africains dans l’exercice de leur pouvoir sont révélateurs d’un phénomène social dont les justifications peuvent diverger d’un pays à un autre. Ce qui est commun à ces pays, c’est le sang qui a coulé. Selon Sophie, ces vingt-deux assassinats en cinquante ans suscitent la peur.
Passer quelques instants devant les portraits de ces présidents assassinés va vous plonger dans l’histoire. Ça fonctionne pour les portraits d’images comme pour les films. Sous ces termes, il faut entendre par là le fait d’observer avec attention. Vous vous retrouvez ailleurs, emballés dans une histoire, à se poser des questions, à ressentir des émotions fortes. Ces portraits permettent ce travail d’introspection.
Bon ! Cela dit, vous avez le temps d’organiser votre visite puisque l’exposition reste disponible du 19 au 27 Janvier 2023 à l’atelier International d’Arts visuels Danielle Burbeau de l’espace culturel Gambidi.
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